Sunday, December 25, 2022

Poem #8 – Sauvagerie (Extract)

Here's our 8th poem! This one went in all kinds of directions.

Hey there, readers. Have a look at this post if you want some background information about the poem translation project.


Poet: Pierre Vinclair

Translators (in alphabetical order): Jessica A., Andrée-Anne Corbeil, Louis Courteau, Crystal Crow, Benjamin Hedley, Monique James, Denis Lafrenière, Mélisa Dionne Michaud, Nap Queen, Ève Renaud, Annie Sapucaia, Herveline Thépaut


 

Oui, la vie commença dans l’océan 
et c’est bien depuis les eaux encoraillées et
les estuaires à goélands que nous rampâmes 
vers les prairies sous l’œil des vaches pâmées, 
jusqu’aux verts arbres que nous descendîmes
en bateaux, retournant (en mocassins à glands) 
en mer dégazer le Dieu mystérieux, 
le pétrole flasque, l’électricité picotante, 
et la télévision merveilleuse qui nous rappelle 
que nous exterminâmes les dodos.
                                - Pierre Vinclair 


Oh yes, life began in the sea
And since crawling from the depths of the coral-lined waters and
The seagull-filled estuaries towards the meadows
Under the cows’ watchful eyes, to reach the greenest of trees
Then, sporting tasseled moccasins, climbing in our boats
And returning to the ocean to face a mysterious God,
Low on fuel and with foundering energy,
The mesmerizing TV serves as a reminder that we have been fleeing slumber

***


Si, la vie commença dans la mer
Et depuis la sortie en rampant depuis les profondeurs des eaux bordées de corail et
Que les estuaires bondés de mouettes s’avancent dans les prés
Sous le regard sourcilleux des vaches, pour atteindre les arbres les plus verdoyants
Puis, chaussant des mocassins à glands, grimpant dans nos bateaux
Et faisant un retour à l’océan pour affronter un Dieu mystérieux,
À court d’essence et avec une énergie à la dérive,
Le téléviseur hypnotisant nous rappelle que nous avons fui le repos

***


If, life began in the sea
And since we crawled from the deeps of the coral filled waters and
Since the estuaries swollen with gulls pushed into the fields
Under the fretful gaze of cows, reaching the most verdant of trees
Then, donning our tasseled loafers, climbing into our boats
 And returning to the ocean to confront a mysterious God,
Low on fuel and with drifting energy,
The hypnotising television set reminds us that we had fled dinner

***


Et si la mer était le berceau de la vie
Nous aurions quitté les profondeurs aquatiques tapissées de coraux
L’eau des estuaires gorgés de mouettes aurait inondé les terres
Jusqu’aux arbres les plus verdoyants, sous le regard inquiet des vaches,
Enfilant nos mocassins à gland, rejoignant nos embarcations,
Reprenant la mer pour aller au devant d’un dieu mystérieux
Au bout de nos forces et de nos réserves de carburant,
La télé nous rappelle que nous avons fui le repas

***


Had all life begun in the sea,
We would have risen from the coral-blanketed seabed
Gull-engorged river waters would have flooded all land,
Reaching even the greenest of trees, under the cows’ disquieted gaze
Slipping on our tasseled loafers,
Making our way back to our crafts, back to the sea to appear before a mysterious god
Our bodies and fuel reserves exhausted,
The TV reminds us that we’ve escaped the dinner plate

***


Si toute vie était née dans la mer,
Nous aurions émergé des fonds nappés de corail
Les fleuves saturés de goélands auraient inondé les terres
Jusqu’aux arbres les plus verts, sous les yeux inquiets des vaches
Les pieds dans nos flâneurs à glands,
De retour au boulot, de retour à la mer pour comparaître devant un dieu mystérieux,
Le corps et ses réserves épuisés,
La télé nous rappelle que nous avons fui le repas

***


If all life was born in the sea,
Did we then rise from the coral-covered ocean floor, from
Gull-populated rivers that flooded the land
So that trees so green rose above the weary eyes of cows?
Feet in our tassel loafers,
Toiling once again at sea to appear before a mysterious god,
An exhausted body at zero battery,
As television reminds us that we were once dinner.

***


Si toute vie est née de la mer,
Sommes-nous alors montés du fond des coraux océaniques, depuis
Les rivières peuplées de goélands qui inondèrent les terres
Pour que des arbres si verdoyants s’élèvent au-dessus du regard las des bovins?
Les pieds dans nos souliers à frange,
S’extirpant de la mer pour émerger devant un dieu mystérieux,
Un organisme épuisé la batterie à zéro,
Comme la télévision nous rappelle que nous fûmes jadis un repas.

***


Assuming life is descended from the sea
did we climb then from coral bottoms, from
rivers of gulls flooding the land
so verdant trees could rise above the gaunt gaze of cows?
Our feet planted in frill moccasins,
rooted from the ocean, surfacing before a mysterious god.
Tired bodies, batteries spent
a broadcast reminding us: we were fodder before.

***


On dit que la mer est l’origine de la vie.
Sommes-nous donc issus de récifs coralliens,
de fleuves de mouettes inondant la terre
pour que des arbres verdoyants puissent surplomber
le morne regard des vaches?
Nos pieds plantés dans des mocassins à jabot,
déracinés de l’océan, faisant surface devant un dieu mystérieux.
Corps fatigués, batteries mortes,
un rappel diffusé : nous fûmes fourrage.

***


Life originated in the ocean, it is said.
Might we have emerged from coral reefs,
from masses of seagulls that splattered the earth
so that verdant trees could cast shade
over mournful cows?
With feet now rooted in jabot-trimmed moccasins,
disconnected from the ocean bed, we surface before an unknown god.
To the tired bodies running on empty, a reminder:
From guano we rose.

***


De l’océan naît la vie, entend-ton.
Nous pourrions avoir émergés de récifs de corail,
des volées de mouettes éclaboussant la terre
pour que les arbres verdoyants puissent projeter leur ombre
sur le triste bétail?
Nos pieds dorénavant bien enracinés dans nos mocassins dentelés,
déconnectés des fonds marins, nous nous révélons à un dieu sans nom.
Aux corps épuisés, souvenez-vous :
Du guano nous provenons.

***

Infolettre Tradupouettepouette -- fin 2022

Bonjour à vous! Ça fait verrrrrrry longtemps je ne vous ai pas donné de nouvelles.

La projet de traduction de poésie vit toutes sortes de ups and downs. I thought it was dead. Then I did some recruiting and it got exciting again. J'ai même ajouté des nouveaux qui ne font pas la traduction comme métier, histoire de mix things up. It was pretty cool. BUT it dropped off again, puisque les gensses ne sont pas super motivés en général. Incluant moi. Je ne sais pas trop what's going to happen next. 

Je viens de mettre poème 8 sur le blogue. C'est super intéressant de voir les résultats. It shifted wildly from the very start!
 
Joyeuses fêtes lezamis!