Monday, June 28, 2021

POEM #5

Hey there, readers. Have a look at this post if you want some background information about the poem translation project.


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Poet: Christian Bergeron

Translators (in alphabetical order): Anne Marie Babkine, Ann Marie Boulanger, Louis Courteau, Eva Dawson, Marie-Claire Dugas, Miriam Gartenberg, Benjamin Hedley, Susan Lemprière, Caroline Mongeau, Vicky Poitras, David Thépaut, David Warriner


Je me suis endormi dans le cœur d’un piano
couché sous le clavier
les yeux vides et froids
abrié d’un remords irréel
je me suis condamné à la vie sans musique

mon corps vibre sans mots désormais
parcouru par des ondes cousues au silence
martre mise au terrier le temps d’une saison
jour d’enfance confié à un écrin rouillé

mais ma prison s’agite
elle me pousse à m’enfuir
pour qu’enfin tu me voies comme je suis
avec au creux du corps encore un dernier cri
qui résonne 
dans le noir Fazioli
demi-soupir déroulé sur ma peau parchemine
qui t’appelle près de moi

repose-toi, ne crains rien

je suis trop occupé à franchir cet instant

        - Christian Bergeron

***

I fell asleep inside the heart of a piano
stretched out under the keyboard
eyes cold and empty
shrouded in an unreal sense of regret
I condemned myself to a life devoid of music 

my body now vibrates wordlessly
rocked by waves stitched together in silence
a sable burrowed underground for the season 
childhood days locked away in a rusty box

but my prison is churning
pushing me to escape
so you can finally see me as I am
with a final cry remaining deep within
that resonates 
in the Fazioli blackness
a half-sigh unfolded on my parchment skin
that calls you to me 

rest, do not fear
I am too caught up in getting through this moment

***

je me suis endormi au cœur d’un piano
affalé sous le clavier
le froid et le vide aux yeux
voilé d’un irréel regret
je me suis condamné à vivre sans musique 

à présent mon corps vibre, muet
bercé par des vagues cousues de silence
vison terré au chaud pour la saison 
enfance enfermée dans une boîte rouillée

mais ma prison s’agite
et me pousse vers sa porte
tu me verras enfin comme je suis
et un dernier sanglot enseveli 
résonnera
dans la pénombre du Fazioli 
un demi-soupir déplié sur ma peau de parchemin
qui t’appelle à moi 

tu n’as rien à craindre
j’en suis encore à me dépêtrer de ce moment

***

i drifted to sleep in a piano’s embrace
slumped beneath the keys
with cold, empty eyes
veiled in unreal regret
resigning myself to a life without music

now my body mutely resonates
rocked by waves sewn with silence
hunkered down warm for the season
childhood locked in a rusty box

but my prison protests
and shows me the door
at last you will see me as i am
as one last buried cry
resounds
in Fazioli’s shadow
a note resting on my parchment skin
calling you to me

you have nothing to fear
this moment is yet to release me   

***

je me suis endormie dans l’étreinte d’un piano
affalée sous les touches
les yeux froids et vides
voilée d’irréels regrets
résignée à vivre sans musique 

maintenant mon corps résonne muettement
secoué par des vagues cousues de silence
tapi au chaud pour la saison
l’enfance enfermée dans une boîte rouillée

mais ma prison proteste
et me montre la porte
enfin tu me verras telle que je suis
un dernier cri enfoui
qui résonne
dans l’ombre de Fazioli
une note arrêtée sur ma peau parchemin
t’appelant à moi

tu n’as rien à craindre
ce moment ne m’a pas encore libérée

***

In a piano’s embrace I fell asleep
Reclining to its touch
My eyes cold and empty
Veiled by imaginary regrets

My body rings out quietly now
Shaken by waves sewn by silence
Crouching in the heat for the season
My childhood locked in a rusty box

But my prison protests
And shows me the door
You’ll see me for who I am finally
A final buried scream
That echoes
In Fazioli’s shadow
A note held on my parchment-paper skin
Calling you to me

You have nothing to fear
This moment still has not liberated me

***

Sur mon piano je me suis assoupie
Bercée par son étreinte
Le regard morne et vide
Voilé de regrets imaginaires

Mon corps tinte doucement
Agité de vagues tissées de silence
Ramassé dans la touffeur déconcertante
Mon enfance enfermée dans une boîte rouillée

Mais ma prison se rebelle
Et me montre la voie
Enfin je serai celle que je suis
Comme un dernier cri étouffé
Qui résonne
Dans l’ombre de Steinway
Une note tenue sur ma peau parcheminée
T’appelle

Pourtant tu n’as rien à craindre
Cet intermède n’aura pas suffi à me libérer

***

Nodding off at the piano,
Rocked by its embrace.
Bleak and empty outlook
Veiled with regretful trace.

Body chiming softly,
Engulfed in silent waves.
Disconcerting suffocation,
A childhood rust-encased.

My prison rebels,
Showing me the way;
I'll finally be myself.
Smothered cry
Resounding
In the shadow of the Steinway.

My skin is the parchment that holds the note
Calling you to me.

Fear not this interlude;
It will not set me free.

***

Somnolant au piano,
Bercé par son étreinte.
Sombres et vides perspectives,
Voilées de traces de regret.

Corps tressaillant doucement,
Noyé dans les vagues silencieuses.
Suffocation déconcertante,
Une enfance prise dans un carcan de rouille.

Ma prison se rebelle,
Me montrant la voie à suivre;
Je vais enfin être moi-même.
Cri étouffé
Résonnant,
Dans l’ombre du Steinway.

Ma peau est le parchemin qui emprisonne la note
T’appelant à moi.

N’aie crainte de cet intermède;
Il ne me libèrera pas.

***

Drowsy at the piano,
Rocked in its embrace.
Dark and empty views,
Shrouded with traces of regret. 

Body trembling gently,
Drowned in silent waves.
Dis-concerting suffocation,
A childhood encased in rust. 

My prison rebels,
Showing me the path;
Finally I will be myself.
Stifled cry
Resounding
In the shadow of the Steinway.

My skin is the parchment imprisoning the notes
Calling you to me.

Do not be afraid of this interlude;
It will never release me.

***

Assoupi au piano,
Bercé par son étreinte.
Dans un paysage noir et vide,
Cerné par le remords. 

Un corps qui tressaille,
Noyé dans une houle mutique.
Suffocation dé-concertante,
Telle une enfance emprisonnée dans la rouille. 

Me montrant la voie,
Ma prison se révolte;
Finalement, je serai moi-même.
Cri étouffé
Qui résonne
Dans l’ombre du Steinway.

Ma peau incarne ce parchemin recelant ces notes
Qui t’appellent à moi.

N’aie crainte de cette intermède;
Il n’a rien à dire de moi.

***

Crumpled at the piano,
Quieted by its embrace.
Adrift in a blank and murky landscape,
Overcome with remorse. 

Quaking all over,
Drowning in a voiceless swell.
Suffocating in distress,
As if stuck in a childhood that has rusted solid. 

My prison revolts and shows me the path;
I can be my true self at last.
A stifled cry
Resonates
In the shadow of the Steinway.

My skin is the parchment bearing these notes
That beckon you to my side.

Do not fear this interlude;
It has nothing to do with me.

***

Éffondrée sur le piano,
Calmée par son étreinte.
À la dérive dans un paysage vide et opaque,
Prise de remords.
 
Tremblant de partout,
Je me noie dans la houle silencieuse.
Suffoquant de détresse,
Comme coincée dans une enfance rongée de rouille.
 
Ma prison se révolte et me montre le chemin;
Enfin je peux être moi-même.
Un cri étouffé
Résonne
Dans l’ombre du Steinway.
 
Ma peau est le parchemin qui porte ces notes
Qui te font signe de venir vers moi.
 
Ne crains pas cet interlude;

Je n’y suis pour rien.

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